Madalena Matoso (Thierry Magnier) |
Mamiette est
morte. La tristesse du jeune garçon est
si énorme qu’elle se fige en une aussi énorme ombre révélant un gigantesque
éléphant : un chagrin-éléphant. C’est sur le chemin du cimetière, dans la
voiture, que l’éléphant est apparu au moment où maman a signifié à son
garçonnet que le mercredi désormais il irait au centre aéré.
Avant, avant la mort de Mamiette, le mercredi
était le jour chez mamie. L’éléphant est apparu à ce moment précis, un
pachyderme énorme qui plus est bavard, même chanteur. De concert, le petit bonhomme
et son éléphant entonnent Une souris
verte. Il y a des chagrins qui fondent avec des notes de musique ou des
paroles fredonnées. Alors on reprend la comptine une fois, deux fois, un
refrain qui donne le temps de penser à mamie, à ses instants partagés avec
Mamiette. Sauf que le chagrin-éléphant ne s’en va pas.
Madalena Matoso (Thierry Magnier) |
Dans
l’habitacle, à l’avant, les parents ne comprennent pas cet excès de chanson. Papa
demande le silence.
Les jours
qui suivent, le chagrin-éléphant prend des formes variables. Parfois, il est encombrant :
le soir, il occupe toute la place dans le lit, laissant l’enfant grelotter dans
le noir. De temps en temps, il rapetisse… Pour qu’il échappe au petit garçon,
il faut lui trouver un espace où l’installer. Et c’est dans cet endroit que le
chagrin-éléphant se fera discret, réapparaissant pour honorer les plus beaux
souvenirs en compagnie de Mamiette.
Madalena Matoso (Thierry Magnier) |
C’est un
album émouvant que nous livre Cécile Roumiguière. On est souvent démunie pour évoquer
avec les enfants la tristesse liée à la perte d’un être cher. Ici c’est avec
délicatesse et vérité que sont représentés à la fois le chagrin d’un enfant et celui
de ses parents. Quant à l’illustration de Madalena Matoso, un coup de chapeau
pour son éléphant-chagrin tout à la fois sublime et familier.
Cécile Roumiguière, Mon chagrin éléphant, ill.
Madalena Matoso, Thierry Magnier, 2015
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