lundi 14 septembre 2015

Mon chagrin éléphant

Madalena Matoso (Thierry Magnier)


Mamiette est morte. La tristesse du jeune garçon  est si énorme qu’elle se fige en une aussi énorme ombre révélant un gigantesque éléphant : un chagrin-éléphant. C’est sur le chemin du cimetière, dans la voiture, que l’éléphant est apparu au moment où maman a signifié à son garçonnet que le mercredi désormais il irait au centre aéré.
 Avant, avant la mort de Mamiette, le mercredi était le jour chez mamie. L’éléphant est apparu à ce moment précis, un pachyderme énorme qui plus est bavard, même chanteur. De concert, le petit bonhomme et son éléphant entonnent Une souris verte. Il y a des chagrins qui fondent avec des notes de musique ou des paroles fredonnées. Alors on reprend la comptine une fois, deux fois, un refrain qui donne le temps de penser à mamie, à ses instants partagés avec Mamiette. Sauf que le chagrin-éléphant ne s’en va pas.

Madalena Matoso (Thierry Magnier)


Dans l’habitacle, à l’avant, les parents ne comprennent pas cet excès de chanson. Papa demande le silence.
Les jours qui suivent, le chagrin-éléphant prend des formes variables. Parfois, il est encombrant : le soir, il occupe toute la place dans le lit, laissant l’enfant grelotter dans le noir. De temps en temps, il rapetisse… Pour qu’il échappe au petit garçon, il faut lui trouver un espace où l’installer. Et c’est dans cet endroit que le chagrin-éléphant se fera discret, réapparaissant pour honorer les plus beaux souvenirs en compagnie de Mamiette.


Madalena Matoso (Thierry Magnier)



C’est un album émouvant que nous livre Cécile Roumiguière. On est souvent démunie pour évoquer avec les enfants la tristesse liée à la perte d’un être cher. Ici c’est avec délicatesse et vérité que sont représentés à la fois le chagrin d’un enfant et celui de ses parents. Quant à l’illustration de Madalena Matoso, un coup de chapeau pour son éléphant-chagrin tout à la fois sublime et familier.




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