Sandrine Bonini, Le Zoo des légumes, Neuf de l'école des loisirs, 2013 |
Se nourrir
est un acte réfléchi même pour les plus jeunes d’entre nous.
C’est du bœuf que tu fais
cuire ? je hoche la tête.
Et il est mort le bœuf ?,
re-hochement de tête.
Pourquoi on tue les animaux pour les
manger ?
S'interroger avant de combler son appétit et dresser la liste des
aliments qu’on peut ou pas manger, ceux que l’on veut ou pas manger par goût ou
par conviction, comme Sara, dans Le Zoo des légumes, qui décide, sur un coup de tête, de devenir
végétarienne.
Sa
grand-mère, qui habite au fond du jardin dans une bicoque couverte de peintures
et de dessins (Martin Page décrit à merveille des maisons attachantes qui
peinent à rester debout, lire son Traité sur les miroirs pour faireapparaître les dragons) lui assure qu’on ne peut jamais devenir complètement
végétarien. Car autrefois, même les légumes étaient des animaux. Sauf que
victimes de leur paresse, ils ont pris racine.
Mais que manger alors ? On s’arrange de ses
principes naissants avec une idée qui permet de contourner tout écart au
végétarisme : respecter les aliments avant de les consommer. D'où l’envie de faire prendre conscience aux
autres de cette découverte en créant un Zoo des légumes. Une occupation
dominicale que Sara s’applique à mettre en œuvre sur le champ. Hélas, le Zoo n’a guère de visiteurs, les rares copains
qui font le déplacement ne la comprennent pas et se moquent d’elle.
Les vacances
arrivent et Sara s’occupe de plus en plus du potager avec grand-mère. Une passion
pour le jardinage partagée avec son aïeule et qui l’apaisera, par la suite, au
décès de cette dernière.
Outre le
sort des légumes et des questions sur notre consommation alimentaire, Martin
Page raconte une belle complicité entre une grand-mère et sa petite fille dans
laquelle l’imaginaire fécond des enfants se nourrit bien souvent des histoires
racontées par les plus grands.
Sara,
bouille ronde et natte sur l’épaule, est né du pinceau de Sandrine Bonini dont
j’avais salué l’illustration d’un album de Martin Page également, La Bataille contre mon lit, avec un
dessin riche en graphisme. Dans le Zoo
des légumes, Sandrine Bonini a utilisé la gouache pour des illustrations
douces et aériennes. Un roman à lire les pieds dans l’herbe avec ou en
pensant à sa mamie ou son papi.
Martin Page, Le Zoo des légumes, Neuf de l'école des loisirs, avril 2013
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire