Janet et Allan Ahlberg, Le Gentil facteur ou Lettres à des gens célèbres, Albin Michel |
Avec Le
Gentil facteur, on assiste à la tournée de ce personnage amical et courageux
qui se rend en vélo porter le courrier des habitants de la forêt des contes. Un
arrêt à chaumière des Ours, dans la demeure de pain d’épice de la sorcière, dans
celle de Mère-Grand absente (puisque momentanément dans le ventre du loup) ou
au Palais de Cendrillon, devenue la plus veinarde des princesses. A chaque
visite, une invitation à consommer là une tasse de thé, ici une coupe de
champagne pendant que les occupants prennent connaissance de leurs missives.
Lettre d’invitation à la fête d’anniversaire de Boucle d’Ours, prospectus
promotionnel pour des accessoires de magie, carte postale de vacances ou
courrier d’huissier. Des documents que le lecteur retire de leur enveloppe
avant d’en faire lecture et de voir le facteur sauter sur sa bicyclette pour suivre
sa tournée.
Si cet album
revisite avec fantaisie les contes de Boucle d’Ours, de Cendrillon et du
Chaperon rouge, il permet aussi d’explorer différentes formes de correspondance.
C’est original et super amusant.
Janet et Allan Ahlberg, Le Gentil facteur ou Lettres à des gens célèbres, Albin Michel, 2005
Alexandra Pichard, Cher Bill, Gallimard |
Oscar est
ravi, si jusqu’en juin sa classe travaille bien, la maîtresse les conduira en
classe de mer chez Bill. Ainsi Oscar rencontrera son correspond Bill et ils
pourront échanger plus que quelques mots sur une lettre.
En attendant
Oscar et Bill s’écrivent. La première lettre écrite par Oscar à son futur ami
Bill est pleine d’interrogations : « as-tu des frères et sœurs ?
Aimes-tu la pâte à modeler ? ». Se livrent les premières
confidences. ce qu’on aime dans la vie quand on est une jeune
fourmi : le ping-pong, regarder la télé. Oscar, dans sa réponse, demande à
son ami d’écrire plus gros : pas facile quand on est un poulpe de
déchiffrer l’écriture patte de mouche d’une fourmi, surtout quand on est, comme
Bill, myope hypermétrope.
Au fil des
lettres, les deux amis font plus ample connaissance, décrivent leur environnement
bien opposé l’un à l’autre. Chez Oscar, en automne, il faut veiller aux feuilles
mortes qui tombent et peuvent blesser. Bill, quant à lui, joint un coquillage à
sa lettre qui deviendra un très beau couvre-chef pour son petit ami.
Puis vient
Noël, poulpe et fourmi, tout excités de cet événement, décrivent leur commande
au Père-Noël. Dans la classe d’Oscar tout le monde est bien à son travail. La
fourmi s’en félicite auprès de son copain : « la moyenne est de 14.5
sur 20 ça veut dire qu’en juin j’arrive… » Comme ils ont hâte les
copains !
Au
printemps, ils s’échangent des petits cadeaux : un trèfle à quatre
feuilles contre une étoile de mer. Puis en juin, dans sa dernière missive,
Oscar est triste : la maîtresse s’est cassé la jambe et la classe de mer
est annulée. Malheur… sauf que le facteur dépose un jour un colis devant la
porte d’Oscar.
Allez
précipitez-vous sur Cher Bill pour connaître le fin mot de l’histoire. Ne vous
jetez pas sur la fin mais lisez l’album en entier en observant bien les
dessins. C’est bourré de poésie et de drôlerie.
Alexandra Pichard, Cher Bill, Gallimard jeunesse Giboulées, 2014
Gauthier David, Marie Caudry, Les Lettres de l'ourse, autrement |
L’Ourse se languit de son Oiseau. Les souvenirs d’un été avec son
compagnon ailé ne
suffisent
plus au bonheur de l’Ourse. Elle décide d’écrire tous les jours à son ami,
confiant ses missives au bon soin du vent. Bien sûr, elle lui dit qu’il lui
manque et elle prend la décision de le rejoindre dans le sud, à l’autre bout du
monde.
Les Lettres
de l’ourse font le récit de cette expédition pour le moins incongrue et
follement passionnée. L’Ourse raconte sa peur dans une forêt noire, le péril
d’une traversée en mer, l’ascension d’un volcan, le danger dans un pays en
guerre… Heureusement l’Ourse croise des créatures qui l’aident à tracer sa
route, des êtres magiques, envoûtants et sympathiques. Arrivée à destination,
l’Ourse se lamente, elle est seule. L’Oiseau ne tenant pas à rester éloigné de
son Ourse à lui aussi traverser monts et merveilles pour rejoindre son aimée.
C’est avec l’aide des oiseaux-amis qui lui organisent un retour fantastique par
la voie des airs que nos deux passionnés compagnons se retrouveront.
Cette
correspondance est d’une grande délicatesse. Sensible et parsemée de mots doux.
Quant aux images
de Marie Caudry, elles sont tout simplement fabuleuses. Un aller direct dans un
imaginaire magnifique. Raffinement et délicatesse qui enchantent les plus
expressives montagnes, les ombres inquiétantes d’une forêt et la charmante tendresse
d’une ourse. Des images qui me laissent béate d’admiration.
Gauthier David, Marie Caudry, Les
Lettres de l’ourse,
Autrement, 2012
Rascal, Je t'écris, l'école des loisirs |
Martine
profite de ses vacances d’été pour écrire au Père-Noël. Elle prend de l’avance,
promet d’être sage pour les mois à venir et espère bien en décembre câliner sa
poupée rêvée et croquer quelques bonbons « pas bio » précise-t-elle.
Hélianthe,
elle, use de quelques mots étrangers pour tenter de convaincre son père de ne
pas l’envoyer en voyage d’étude en Angleterre.
Antoine,
quant à lui en séjour en colonie de vacances, s’adresse à son oncle lui
demandant d’intervenir en sa faveur auprès de son père pour que ce dernier
accepte d’accueillir un chien de compagnie. Rusé, Antoine a bien pensé aux
arguments que son oncle pourrait présenter à son père : « Tu pourrais
lui dire qu’être responsable d’un animal favorise les relations enfants-parents… ».
Aïda à Dakar correspond avec Pierre qui a la chance de connaître la neige en
hiver («Si tu parviens à me faire grelotter, je t’écrirai un secret »).
Lise souhaite un bel anniversaire à son arrière grand-père, 90 ans les sépare
tout deux
Un recueil
de lettres malicieuses, douces, parfois tristes, qui racontent la vie d’enfants que l’on
imagine vifs et tendres. Il y a du réconfort à user des mots pour dire les
choses que l’on a dans son cœur à son père absent, parti à la guerre, à son
maître d’école pour lui dire que l’on ne l’oubliera pas, à sa maman chérie pour
anniversaire (car c’est la semaine chez papa) ou à son pote quand on se fait
interdire d’ordinateur pendant une semaine « je t’écris comme au temps des
ducs de Bourgogne ! ». Et autant de réconfort à les lire. Une bonne
dose d’amour.
Rascal, Je t’écris, L’école des loisirs, Pastel, 2010
Philippe Lechermeier, Delphine Perret, Lettres à pattes et à poils, Thierry Magnier |
Un
dictyoptère amoureux, et souffrant de timidité, écrit au courrier du cœur du
magazine Bzzz’mag. Comme ses copains,
« son appendicite gigote dès qu’une fille approche » et il a besoin
de conseil pour se lier avec sa dulcinée. Jusqu’ici aucun de ses plans n’a
fonctionné : partager un goûter, faire équipe en sport, écrire de la
poésie. L’amour est ingrat quand on est si fervent. Tourner la page ? Pas
facile non plus de « sortir l’amour de son esprit comme un escargot de sa
coquille ». Heureusement il y a les cours de biologie et un exposé à
rendre sur l’écosystème des milieux humides qui augurent les plus divins des
rendez-vous. Enfin si tout se passe bien….
Chienchien a
également des états d’âme. En pleine crise d’adolescence canine, il tient à
s’excuser auprès de sa mémère pour son comportement frondeur. Il souhaite
surtout lui faire comprendre qu’il a grandit. Il aimerait que sa mémère et les
copines de cette dernière, Simone et Roberte, arrêtent de l’appeler par des
petits noms ridicules. Finis les « Moumoutes », « Mimine »,
« Miquette »… Terminés aussi les tricots maison en points fantaisie
exagérément colorés. Chienchien a peur
du regard des autres canidés, surtout de celui de Brutor. C’est qu’il a une
réputation à se faire dans le quartier, Chienchien !
Avec ces
séries de lettres, Philippe Lechermeier offre la plume à des animaux en
souffrance. Et quand le problème est
posé avec humour, on imagine que la solution n’est jamais bien loin. Reste à
imaginer l’issue de ces histoires… Et c’est très malin.
Philippe Lechermeier, Lettres à
pattes et à poils, illustrées par Delphine Perret, Thierry Magnier, 2014
A lire aussi : Philippe Lechermeier, Lettres à plumes et à poils, illustrées par Delphine Perret, Thierry Magnier, 2010
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