Quand les enfants font de leur quotidien la plus tendre des
poésies...
Rose est une enfant contemplative. Elle énumère en peu de
mots ce qu’elle aime. Les animaux tiennent le haut de sa liste : le chien
noir qui court sur le chemin, le merle au sommet du sapin, le chaton qui joue à
cache-cache, sous l’herbe haute, la poule rousse qui s’approche ou les petits
pas discrets du hérisson. Rose leur dit qu’elle les aime. « Je t’aime
chien noir, Je t’aime petit merle. Je t’aime chaton… »
Rose, elle aime aussi les fleurs rouges des champs ou le caillou
tout chaud ramassé sur la plage. Elle aime également son doudou et sa maison. Mais ceux qu’elle aime tout au
fond son cœur, ce sont ses parents.
Je t’ai vu est une
magnifique déclaration d’amour d’une enfant au monde qui l’entoure. Le texte
joue sur la répétition du je t’aime. Des je t’aime à glisser dans les petites
oreilles pour que se répandent autant de déclarations d’amour.
Cendrine Genin, J’aivu, ill. par Rascal, l’école des loisirs, 2014
Eric Chevillard, Les Théories de Suzie, illustration de Jean-François Martin |
Suzie a réponse à tout. Et du haut de ses quatre ans, elle
pose sur le monde un oeil candide et futé. Si elle se pose une question, Suzie
n’attend pas l’explication rationnelle d’un plus grand. Si elle se pose une
question, Suzie, elle elle invente une solution. Une réponse poétique qu’Eric
Chevillard nous raconte dans ce catalogue des mystères résolus par Suzie.
Tout y passe : la faune, la flore, les questions
d’astronomie ou de biologie. Vous vous
demandez pourquoi les enfants se décident à naître ? Ou pourquoi les
Hommes font-ils la guerre ? Vous confondez le chameau et le
dromadaire ? Pour quelles raisons les plumes de l’oie sont
imperméables ? Autant de questions existentielles qui seraient dommages
d’éluder par un « c’est comme ça » ou un « j’en sais
rien ». Lire les théories de Suzie, c’est écouter la parole franche des
enfants, ces réservoirs à idées fabuleuses.
A lire avec les plus jeunes pour démasquer leurs grandes
idées sur le monde.
Eric Chevillard, Les
Théories de Suzie, ill. par Jean-François Martin, hélium, 2015
Et quand les animaux tissent des poèmes...
Olivier Douzou, Poèmes de terre, illustration de Anouk Ricard |
Intriguant dès la couverture où une bande de vers de terre
roses malabar croque une patate étonnée, Poèmes
de terre est une déclinaison de petites pièces autour du lombric. Formats courts dénonçant le
ver de trop, comptines (divertissement)
ou poésies versifiées, Olivier Douzou étonne ses lecteurs et charme avec cette
variation sur un si petit sujet.
Jeux de mots en tout genre (calembour, rébus et palindrome),
le ver se fait aussi linguiste. C’est inventif, amusant et décalé. Inévitablement on regardera les vers de terre
avec plus de lyrisme désormais.
Anouk Ricard, dont on reconnait les décors enfantins, zoome sur la vie des vers de terre avec
couleurs et fantaisie. Dessins, compositions photographiques, gouaches ou pâte à
modeler, le ver de terre est mis en vedette. C’est ici la star du potager qui
tortille allégrement dans ces pages poétiques. A lire au jardin avec l’arrivée
des beaux jours.
La Parole aux animaux, illustration de Sacha Poliakova |
Un recueil de poésies sur les animaux qui reprend les
classiques des cahiers d’écoliers avec Claude Roy, Robert Desnos ou
Raymond Queneau. On passe du coq d’Aragon au chat de Cocteau, des Hiboux de
Baudelaire au Boa d’Andrée Chedid.
Et on s’immerge dans les images délicates de Sacha
Poliakova : les colombes quittant le beau palmier virevoltent dans l’air
bleu, le morne rhinocéros à la belle
peau bigarrée ou le cuir irisée de l’alligator du Mississippi. Des couleurs qui
appellent les caresses.
D’autres titres à collectionner pour les jeunes poètes : collection Enfance en Poésie.
La Parole aux animaux,
illustré par Sacha Poliakova, Enfance en poésie, Gallimard jeunesse, 2015
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire