mardi 15 mars 2016

Ma fugue chez moi


Strasbourg, un 14 décembre glacial, Anouk, sac sur le dos et banjo en bandoulière, vient de claquer la porte de chez elle. Elle se retrouve au milieu du marché de Noël, entouré, nous dit-elle, d’une horde de rhinocéros. Depuis sa rentrée en 3e, le monde pour Anouk est hostile alors elle décide de le fuir, de s’éloigner des tracas du collège et du domicile parental, qui n’en est pas un, qui n’en a jamais été un. 

Très vite, elle comprend la difficulté de  trouver un logement. Impossible de vivre dehors, alors elle a l’idée totalement incongrue de retourner chez elle et de se réfugier dans le grenier. Son père, un temps, avait voulu aménager le grenier en chambre d’ami. Là haut, la pièce est encore en travaux et envahi de cartons de souvenirs : vieux jouets et vêtements, peluches râpées…  C’est dans ce cocon qu’Anouk s’apprête à faire une pause. Elle mettra à profit ses quelques jours loin des siens pour lire, dessiner, jouer du banjo, faire ces choses qu’elle aime, mais aussi réfléchir sur sa place dans la famille, ses relations avec les autres. La proximité avec son père, le placard du grenier lui permettant d’être à l’écoute de ses conversations et de ses faits et gestes, l’émeut et la déstabilise. La fugue ne peut  durer surtout que sa petite sœur la  surprend…

Ma fugue chez moi est le journal d’une fuite, celle qu’on décide quand on ne peut plus accepter la brutalité du monde dans lequel on vit. C’est le portrait d’une jeune fille sensible qui réussit, en partant, à renouer avec les siens et avec ses désirs.  On devrait pouvoir s’accorder des fugues chez soi comme Anouk, juste quelques heures, pour revenir plus confiant envers les autres et en son avenir.


Coline Pierré, Mafugue chez moi , Le Rouergue, 2016

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