Strasbourg, un 14 décembre glacial, Anouk, sac sur le dos et
banjo en bandoulière, vient de claquer la porte de chez elle. Elle se retrouve
au milieu du marché de Noël, entouré, nous dit-elle, d’une horde de rhinocéros.
Depuis sa rentrée en 3e, le monde pour Anouk est hostile alors elle
décide de le fuir, de s’éloigner des tracas du collège et du domicile parental,
qui n’en est pas un, qui n’en a jamais été un.
Très vite, elle comprend la difficulté de trouver un logement. Impossible de vivre
dehors, alors elle a l’idée totalement incongrue de retourner chez elle et de
se réfugier dans le grenier. Son père, un temps, avait voulu aménager le
grenier en chambre d’ami. Là haut, la pièce est encore en travaux et envahi de cartons de
souvenirs : vieux jouets et vêtements, peluches râpées… C’est dans ce cocon qu’Anouk s’apprête à
faire une pause. Elle mettra à profit ses quelques jours loin des siens pour
lire, dessiner, jouer du banjo, faire ces choses qu’elle aime, mais aussi
réfléchir sur sa place dans la famille, ses relations avec les autres. La proximité avec son père, le placard du grenier lui
permettant d’être à l’écoute de ses conversations et de ses faits et gestes,
l’émeut et la déstabilise. La fugue ne peut
durer surtout que sa petite sœur la
surprend…
Ma fugue chez moi
est le journal d’une fuite, celle qu’on décide quand on ne peut plus accepter
la brutalité du monde dans lequel on vit. C’est le portrait d’une jeune fille
sensible qui réussit, en partant, à renouer avec les siens et avec ses
désirs. On devrait pouvoir s’accorder
des fugues chez soi comme Anouk,
juste quelques heures, pour revenir plus confiant envers les autres et en son
avenir.
Coline Pierré, Mafugue chez moi , Le Rouergue, 2016
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire