Connaissez-vous monsieur carotte ? Doudou couché
sur papier âgé de presque 7 ans, Actes Sud a eu, cette rentrée, l’excellente
idée de le rééditer. Figure énigmatique avec seulement deux boutons pression
pour les yeux et un nez en éponge orange, monsieur carotte est une drôle de
créature aux bras et aux jambes immenses en quête d’affection. Alors oui, après
la lecture de son histoire, on a bien envie de le serrer dans nos bras.
Pourquoi ? Car monsieur carotte est rêveur, tendre et aussi bien élevé : il aime les légumes. En revanche, il n’est pas fan
des choses trop sucrées et cerise sur le gâteau, il veille à se brosser les
dents le matin et le soir pendant trois minutes. Ah si monsieur carotte pouvait
donner des idées à ses jeunes lecteurs, tous les parents, consciencieux que
nous sommes, en seraient ravis !
Edouard Manceau a écrit la
charmante journée de monsieur carotte. Raconteur mais aussi illustrateur, cet artiste,
qui a vécu à l’Ouest, considère les livres comme des petites œuvres d’art.
Diplômé de l’école des Beaux-Arts
d’Angers, Edouard Manceau a commencé par réaliser des expositions de peinture
et a conduire des ateliers d’art plastique avec les enfants. L’édition est
venue presque par hasard grâce au regard extérieur « d’un passeur ».
Passionné d’art, il cherche
constamment à connaître de nouveaux artistes. Dernièrement, il a découvert
l’artiste italien Felice Varini dont il apprécie les anamorphoses
(installations que les nantais ont pu voir cet été au Hangar à Bananes) et la
musicienne Tatiana Mladenovitch. Avec Andy Guérif, vidéaste angevin, il créée
des ouvrages de sensibilisation à l’histoire de l’art, intitulé avec humour Del’art ou du cochon.
Astucieux conteur avec notamment C’est l’histoire d’une histoire, Edouard
Manceau nous raconte l’épopée d’une bande d’animaux qui brave le méchant loup,
aventure qui a eu lieu tous les jours, sauf les jours de pluie. Mais quand le
lecteur tourne la troisième page, il commence à pleuvoir. Alors, le narrateur,
en attendant que le soleil se lève en tout dernière page (soleil éclatant en
papier découpé) décrit la course que
jouent les animaux au pauvre méchant loup. Inédit aussi dans le choix
d’illustration, ici point de cochon, de lièvre ou d’écureuil mais seuls le
décor pour s’immerger dans l’histoire. Les paysages sont graphiques : une
forêt d’arbre aux troncs hachurés, une maison carrée au toit terrasse fleuri,
un souterrain parsemé de cailloux aux couleurs automnales.
Edouard Manceau aime aussi
surprendre ses lecteurs à construisant et en déconstruisant des images à partir
d’éléments graphiques. Dans Merci, le vent, des petits morceaux de papiers
deviennent tour à tour poule, poisson, oiseau… et le vent vient les déposer au
pied du lecteur. A lui d’inventer la suite de l’histoire…
Dans Fusée, le lecteur assiste au montage et décollage d'un très coloré engin spatial et dans son dernier album, paru de mois-ci au Seuil, Edouard Manceau s'amuse à assembler dans Histoiressans queue ni tête un cirque qui devient camion ou un
monsieur qui se transforme en dame… Des
images qui défilent et on s’étonne de tant de d’astuces.
Bibliographie sélective :
Monsieur carotte, avec Elise Ortiou Campion, Actes Sud, 2013
C’est l’histoire d’une histoire, Milan, 2011
Merci le vent, Milan, 2011
Fusée, Seuil, 2013
Histoires sans queue ni tête, Seuil, 2013
Plus d’infos, son site : http://edouardmanceau.blogspot.fr/
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